SQUAT MY MIND

« Alors en fait, y'a pas vraiment de règles, tu t'installes où tu veux. J'espère que t'es pas une proprette parce qu'ici, on fait avec les moyens du bord. Les chiottes, y'en a deux qui fonctionnent. Sinon, c'est dehors. Pour les douches, c'est à l'eau froide, mais on s'y fait. L'hiver pour le chauffage, c'est un peu rude, on essaie d'acheter des petits radiateurs mais faut surtout avoir un gros pull. L'été, on crève, on est tous à poil ! -rire- Ha et j'oubliais, le dortoir, c'est au dernier étage parce que les flics risquent moins de venir nous chopper. On a parfois des petits coups de stress parce qu'ils sont dans les parages mais on s'en sort toujours ! Ici, c'est le meilleur squat de tout le pays, tu risques rien. Les gens sont très ouverts, tu n'auras pas de mal à t'intégrer. Bon, installe toi bien. Et tu verras, on est peinards ici ! »

Certains pourraient nous qualifier de « secte ». parce qu’on est des centaines à squatter ce vieil immeuble qui menace de s’écrouler. Parce qu’on se cache et qu’on est toujours fourrés ensemble. Mais ça n’a rien à voir. Si on est ici c’est simplement parce qu’on en a besoin. Ou alors parce que certains sont « recherchés » par les flics parce qu’ils ont fait des conneries. Nous n’avons pas besoin de donner d’explications, vous pouvez imaginer de quels genres de conneries nous parlons. Malgré tout, nous sommes tous unis, solidaires. Certains vivent ici à l’année, d’autres viennent squatter l’immeuble le week end ou le soir. On se sent tellement bien ici. On peut se montrer tels que nous sommes. Personne ne juge jamais. Près de l’immeuble il y’a une vieille gare désertée à moitié effondrée. Certains y dansent du matin au soir, ils ont l’air heureux. Y’en a d’autres qui se droguent de l’autre côté pour oublier leur vie de merde. Et d’autres s’isolent pour jouer de leurs instruments au-delà de l’étang. Y’en a même certains qui s’y baignent. Ça à l’air crade pourtant, m’enfin ils font ce qu’ils veulent, personne ne les juge. Ce squat, c’est juste le paradis. Si jamais l’Etat venait à le découvrir et à le raser, on serait beaucoup à perdre pied.

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