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[Pv Lexi.] Tout n'est qu'un rêve.

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April C. Rosenbach
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MessageSujet: [Pv Lexi.] Tout n'est qu'un rêve. [Pv Lexi.] Tout n'est qu'un rêve.  EmptyMar 29 Mai - 22:01


De l’autre côté de la lunette je vois le monde.
Si petit, si lointain que ma main ne peut l’atteindre…


Tout semblait si calme, trop calme. Les bruits silencieux des murmures avaient disparus, emportant avec eux la lumière du jour. J’avais cette peur d’ouvrir les yeux, cette appréhension de revoir un semblant de réalité au travers de ce regard que nulle ne pouvait voir. Mes sourcils restaient froncés par cette douleur qui me lançait dans la nuque, une étrange poussière habitant l’air qui m’entourait. J’avais l’air si idiote, allongée sur le grand tapis comme une de ces princesses endormies. Pourtant cette pièce était loin de se comparer à un château, l’obscurité ayant rompu le calme de la journée. Les journées restant d’un tel ennui dans la librairie que même mes fredonnements se heurtaient dans un écho frigide et sombre.

« Mince ! »

Mon corps se redressa d’un mouvement, mes yeux grands ouverts cherchant désespérément une horloge. Quelques livres étaient étalés devant moi, les mots et les lignes se mêlant sans que je ne puisse les décrypter. Rapidement je les refermais, les plaçant sur l’étagère comme pour dissimuler l’arme de mon crime. La lumière de la réserve était encore allumée, éclairant d’une douce chaleur les grands obstacles de papier. C’est avec toute la discrétion dont j’étais capable que j’attrapai mon sac et me dirigeais à pas de loup jusqu’à la sortie. J’aurai presque pu être convaincue par mes talents d’espionne si je ne m’étais pas retrouvée face à la porte verrouillée de la librairie, le tintement de mes clefs résonnant dans mon dos.

« Tu oublies ça ! »

Sean me lança le trousseau avec ce grand sourire malicieux qui se destinait à m’agacer. A croire que ça l’amusait de me voir ainsi me ridiculiser… Chose étrange, je n’avais jamais fait aucune remarque, comme il n’avait jamais rien fait de plus que de sourire niaisement en me tendant ce que je cherchais.

« Voleur !
- Faux… J’avais oublié mes clefs et puis tu ne paraissais pas en avoir besoin de là où tu étais… Bien la sieste ? »

Je marquais une pause, le regardant avec interrogation alors qu’il faisait mine d’observer ses mains. Il passait sa vie ici… Tellement que j’en venais à me demander s’il n’avait pas aménagé un sous-sol caché avec réfrigérateur et télévision… Même si je devais plus cette idée à mon imagination sans borne. Mon silence le mettant mal à l’aise. Il fallait dire qu’il était rare de me voir silencieuse, et puis je n’avais pas forcément envie de passer ma nuit devant la porte. Je vis ses lèvres s’entrouvrir, un son imperceptible quittant sa bouche alors que déjà je lui répondais avec un grand sourire en m’engouffrant à l’extérieur :

« Bye bye ! »

Le silence avait enfin reprit, sa voix atroce, mélange de grave et d’aigu s’étant tue à l’instant même où la porte s’était clos. Je me demandais même si je ne l’avais pas enfermé avec tout ça… Il n’avait qu’à pas perdre ses clefs. J’étais de toute façon loin de vouloir retourner sur mes pas, mes yeux hypnotisés par les nuages sombres qui couvraient le ciel. On aurait dit une couverture de coton tâchée d’encre de chine. Ils cachaient délicatement la lune, plongeant la ville dans une obscurité presque totale. Pourtant personne ne semblait inquiété par cette ville à la silhouette noire, les habitants arpentant paisiblement les rues pour s’en aller profiter de leur soirée. Il était déjà 22h00… J’avais dormis plus longtemps que prévu, ma fatigue s’étant envolée avec ces quelques heures de sommeil. Pourtant le calme restait inlassablement présent, oppressant avec malveillance mon corps.

Le B'WELL coffee laissait émaner une certaine chaleur d’où j’étais, le début du week-end ayant sans doute attiré la plupart des habitants à venir se divertir un peu. C’était peut-être ça qu’il me fallait… Un peu de divertissement… Je semblais attirée au bar comme un insecte avançant pour la passion qu’il voue aux lumières. Mais la nuit ne faisait que commencer ! J’avais ce sourire agaçant sur les lèvres, un côté d’émerveillement dans les yeux à la simple idée de me sentir perdue dans le temps. La journée s’était enfuie avant que je ne puisse la voir mourir, et il ne restait désormais plus que la nuit pour assouvir ce besoin humain d’exister.

« Un gin tonic s’il vous plait ! »

Je m’adressais à la barmaid tout en souriant avec une pointe d’exagération, laissant apparaitre mes dents avec un air niais. Je sentis alors une main se poser sur mon bustier blanc, de grands doigts agrippant un des volants alors que je relevais les yeux sur l’homme d’un regard intrigué. Son regard détruit par l’alcool, sa main glissait doucement vers mes cuisses alors qu’il sombrait peu à peu.

« Est-ce que… Vous pouvez éviter de tirer comme ça ? Vous êtes en train de me l’arracher. »

Le pauvre homme semblait ne pas m’entendre, ses yeux se fermant un peu plus à chaque mot que je récitais. Je traversais la pièce d’un regard avant de finir par ôter sèchement sa main de mon haut pour la relâcher dans le vide, son corps se penchant dangereusement au-dessus du tabouret avant qu’il ne s’immobilise dans une étrange posture. Les sourcils haussés je reportais mon attention sur la jeune femme derrière le bar, arborant un air innocent sur le visage.


Dernière édition par April C. Rosenbach le Lun 4 Juin - 18:01, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Pv Lexi.] Tout n'est qu'un rêve. [Pv Lexi.] Tout n'est qu'un rêve.  EmptyMer 30 Mai - 11:11

« Eh, j’prends ma pause ! » lançais-je à l’autre barman

    Je lançais le torchon que j’avais sur le bras, sous le comptoir et attrapais mon paquet de cigarette et mon briquet. Je traversais le bar –enfin plus exactement la cuisine- et me dirigeais vers l’entrée de service. Bon, ce n’était pas super « accueillant » comme entrée. En effet l’entrée était entourée de poubelles et la rue était déserte. D’un autre côté c’était tranquille. D’ailleurs je me demandais bien pourquoi il y avait une entrée de service vu que quand on allait au boulot –moi et les autres employés du B’Well s’entend- on utilisait la porte principale. Je m’installais sur les petites marches de l’entrée de service et allumais une cigarette. Il fallait que j’arrête toutes ses conneries : la clope, la drogue, l’alcool, les mecs. J’avais toutes les cartes en main pour ça, il ne me manquait plus que la volonté. Mais c’était bien plus difficile qu’il n’y paraissait, surtout avec tout ce qu’il se passait dans ma vie en ce moment. Bizarrement je retrouvais un certain réconfort dans ces conneries, parce ça je pouvais le contrôler. Enfin en partie.

    Mon regard se perdit dans la nuit noire. Beaucoup de gens auraient peur tout seul dans une nuit pareille. On ne voyait même pas la lune. Ses faibles rayons pâles tentaient de percer l’épaisse couche de nuages mais sans grand succès. Ça prévoyait un bel orage pour cette nuit, ou alors un bon gros déluge demain. J’étais habituée au temps changeant et souvent froid et humide de Coventry. En même temps on était en Angleterre. Il ne fallait pas s’attendre à un soleil radieux tout les quatre matins.

    Lentement j’aspirais la fumée de ma cigarette. La dernière taffe vint trop vite à mon goût. J’écrasais le mégot sur le sol goudronné mais restait tranquillement assise sur les marches. Le petit vent frais faisait du bien. Il faisait vraiment chaud dans le bar. On était vendredi, et il y avait pas mal de monde au bar ce soir. Notamment des jeunes qui voulaient s’éclater et se prendre une cuite en groupe, sans oublier les pochtrons habituels et ceux qui venaient d’avoir une déception amoureuse ou du décès dans leur famille et qui voulaient « oublier ». Bien sur l’alcool faisait oublier sur le moment, mais le lendemain c’était pire. La douleur qu’on voulait oublier la veille était encore pire, et on avait en plus une gueule de bois, l’inquiétude de ce qu’on avait pu faire la veille, et la culpabilité d’avoir tant bu. Je connaissais ça par cœur. Pendant des années ça avait été tout ce que je connaissais et avec le temps j’avais réussi à avoir plus de… résistance à l’alcool, à la drogue et tout le reste. Je n’avais pas eu une adolescence facile, et travailler dans un bar et voir tout ces cons de jeunes qui « s’amusaient » me rappelait dangereusement mon passé.


« Lex’ qu’est ce que tu fou bordel ? » fis soudain le « co-barman » me sortant ainsi de mes pensées « On est vendredi, je ne vais pas faire tout le boulot sans toi, allez bouge ton cul et rejoins moi ! »

    Je me levais péniblement et le rejoignis derrière le bar. Je lançais mon paquet sous le comptoir et attrapais le torchon que j’avais balancé quelques minutes plus tôt. Le torchon de servait pas à grand-chose, mais ça faisait mieux pour un barman, enfin pour une barmaid. Je jetais le torchon sur mon épaule et me mis au travail. Un nouveau groupe de jeunes –déjà quelques peu imbibés- entrèrent dans le bar. Ils chantaient et dansaient, comme s’ils croyaient mettre l’ambiance dans le bar.


« Eh vous ! » Dis l’un des mecs du groupe de jeunes « Vous avez de la bière ? »

« Oh non moi je veux une Margarita ! » s’écria une autre

« Ok ok, bah un, deux, trois, quatre bières et une, deux Margarita » fit le jeune qui m’avait interpellé au départ en sortant des billets de sa poche.

« Bouteille ou pression ? » demandais-je en souriant faussement

« Soyons fou, pression ! »

« Allez vous asseoir j’arrive » Dis-je en montrant du doigt une table libre.

    Le jeune posa les billets sur la table et s'éloigna, entrainant sa troupe avec lui, vers la table que j'avais indiqué. Il avait donné bien plus qu'il ne me devait en réalité, j'allais pas me plaindre non plus. Et puis il n'avait pas donné énormément plus non plus.
    Putain ce que ces gosses de riches me soulaient. Bon je n’avais que quatre ou cinq ans de plus qu’eux mais bon, les nouvelles générations étaient tellement stupides que j’avais l’impression qu’ils avaient 14 ou 15 ans. D’un geste rapide j’attrapais un plateau et les verres qu’il me fallait. Je commençais par les Margarita –ce qui me prit dix secondes pour chaque verre à tout casser- puis fis les quatre bières pression. J’avais à peine mis une minute à faire leur commande. En même temps ce n’est pas comme si c’était la première fois que je faisais ça. J’avais commencé à boire à 15ans et je ne m’étais jamais arrêté. Et puis ça faisait six mois que je travaillais au B’Well. Enfin tout ça pour dire que j’étais habituée. Je posais les six verres sur le plateau et l’amenais à la table où les jeunes s’étaient installés. Ils étaient en train de rire, sûrement d’un truc très con. Je m’approchais et déposais les verres sur la table en lançant un « Et voilà », puis retournais derrière le comptoir. Ce que je n’aimais pas dans mon travail c’est qu’il fallait toujours sourire et être aimable avec les clients. Après tout on disait que les barmans sont comme des confidents. Enfin c’est ce qu’on dit, mais si les pochtrons de la ville pouvaient arrêter de me saouler avec leurs histoires ça me ferait plaisir. Qu’entendre les mêmes trucs tout les soirs. « Elle m’a larguée », « Mon frère est mort », « Je ne sais même plus pourquoi je suis là ». Pff.


« Salut » Fis un gars au comptoir

    Il se penchait sur le comptoir comme s’il tentait de me séduire. Il était là quasiment tout les soirs celui-là. Et tous les soirs il tentait des approches. Et tous les soirs il se prenait de gros râteaux. Mais bon, c’était compréhensible. Un mec bourré, même pas beau, avec une haleine de chacal qui tente de séduire des filles jeunes et assez belles en général ça le fait moyen. En fin quand je dis « séduire » c’est plutôt tripoter les filles. Je le rembarrais gentiment et lui servis un nouveau whisky sec. Je devrais arrêter de le servir, mais il fait tellement pitié Et puis vaut mieux qu’il soit au bar plutôt que sous les roues d’un bus ou au fond d’un ravin non ?


« Un gin tonic s’il vous plait ! » fis soudain une petite blonde qui s’installa sur le tabouret en face de moi.

« Une seconde »

    Je préparais le verre tandis que –du coin de l’œil- je voyais l’homme retenter sa chance avec la nouvelle. Il n’était pas bien méchant, simplement bien éméché.


« Est-ce que… Vous pouvez éviter de tirer comme ça ? Vous êtes en train de me l’arracher. » Ajouta la fille, repoussant les avances de l’homme.

    Quelle chochotte. Non mais franchement, ce n’est pas comme ça qu’on arrête un mec bourré qui a une idée en tête. Je posais le verre de gin tonic devant la fille et me tournais vers l’homme qui venait tous les soirs dans le bar.


« Hé va t’asseoir ailleurs ou j’te fou dehors » Dis-je d’un ton dur et ferme.

    Sans attendre, l’homme se leva et alla s’installer à l’autre bout du bar. Je l’avais déjà foutu dehors une fois, et apparemment –même bourré comme il l’était- il s’en souvenait. C’est vrai qu’à force c’est lourd qu’il tripote toutes les filles à sa portée. Alors un jour où il avait cru que je n’étais qu’une pauvre et faible femme il avait continué malgré mes avertissements. Je l’avais trainé jusqu’à le porte du bar et l’avait jeté dehors. Pas comme on voit dans les films, non. Mais je l’avais balancé dehors et depuis il s’était un peu calmé.


« T’inquiète pas pour ce gars, il n’est pas méchant. Il est juste trop… Enfin il a pas mal de problèmes dans sa vie, et il vient noyer son chagrin et oublier sa souffrance »

    Waouh, je sortais de ces phrases des fois, je ne savais pas d’où je les sortais. La jeune blonde affichait un sourire assez déroutant. Comment était-ce possible de garder un tel sourire fixé sur son visage ? C’était… dérangeant. J’essuyais le comptoir d’un geste rapide, histoire d’enlever les traces qu’il y avait, remis le torchon mon épaule et servis une vodka à un mec à deux sièges de la blonde. Je ne l’avais jamais vu ici. Elle semblait gênée, comme si elle ne savait pas ce qu’elle foutait dans un bar. Je pris un verre ou je mis un fond de vodka, j’attrapais une tranche de citron vert et m’approchais de la jeune blonde. Je levais mon verre, dis « Santé » d’un ton enjoué et avalais la vodka et mordit dans le citron vert. La jeune fille arborait toujours son grand sourire, mais ne disait rien.


« Qu’est ce que tu fais ici ? » demandais-je à la fille. « C’est pas méchant hein » ajoutais-je avec un sourire « C’est juste que t’a pas la tête à trainer dans les bars le soir quoi ».

    Je regardais la jeune fille. Elle semblait être du genre « sage ». Enfin je ne la voyais pas participer à un concours de tee-shirt mouillé ou finir bourrée à une soirée. Mais bon, je ne la connaissais pas après tout. Moi aussi je pouvais avoir l’air d’une nonne si je voulais, mais j’étais bien loin d’en être une, très loin.


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MessageSujet: Re: [Pv Lexi.] Tout n'est qu'un rêve. [Pv Lexi.] Tout n'est qu'un rêve.  EmptyLun 4 Juin - 18:03

« Tout bonheur est une innocence. »
Marguerite Yourcenar


Je regardais en silence la jeune barmaid, souriant en la voyant faire fuir l’homme à mes côtés. Elle me faisait penser à ces femmes de caractère que l’on voyait parfois dans les cafés des autoroutes. Il fallait dire qu’elles voyaient sans doute plus de monde que moi d’où elles étaient. J’étais incapable de savoir si c’était une chance… Ça m’aurait sans doute plus amusé de voir défiler les hommes d’affaire le matin et les dépressifs le soir que de croiser de temps en temps quelques coincés dans la librairie. A croire qu’il n’y avait que les boutonneux à lunettes et les personnes âgées qui s’intéressaient aux livres ! C’était un peu comme emprisonner un brin de folie dans une cage aux barreaux d’or. Au moins j’étais sure de pouvoir faire passer inaperçu mes maladresses.

« Qu’est-ce que tu fais ici ? C’est pas méchant hein. C’est juste que t’a pas la tête à trainer dans les bars le soir quoi. »

Mes yeux se levèrent vers la jeune femme. Je la trouvais mignonne avec son regard de petite fille s’effaçant pour laisser place à la jeune femme qu’elle devenait. Elle me faisait penser à une de ces poupées de cire qui me fascinaient lorsque j’étais enfant. Je me revoyais en train de fixer leurs yeux immobiles, leurs visages ancrés dans cette expression morbide. J’étais persuadée qu’elles se cachaient derrière ce masque, et que lorsqu’on ne les regardait pas elles se mettaient à verser les dernières larmes de leur humanité. Je les appelais ‘petits cadavres’, me refusant à les quitter des yeux pour espérer voir une de ces perles salées. C’était si enfantin… De garder ce sourire ridicule sur mes lèvres, tel un masque que je ne parvenais pas à ôter. Sa remarque m’amusait. Il fallait dire que ce n’était pas la première fois qu’on se piquait de curiosité sur cette apparence que je reflétais. Même l’intérieur de mon verre ne parvenait à refléter que mon regard emplit d’innocence, oubliant et effaçant dans un sourire l’once d’obscurité qui caressait ma peau en silence.

« Hmm… Je serai plus crédible en faisant cette tête ? »

Je fronçais alors les sourcils en adoptant une expression menaçante. Ca faisait plus exagéré qu’autre chose, sans compter que j’avais plus l’air de faire une grimace ridicule que de m’affirmer en tant que femme caractérielle. Elle devait sans doute me prendre pour une folle, un sourire enfantin effaçant ma stupidité en une seconde alors que je sentais des vibrations parcourir ma cuisse. Je baissais les yeux sur ma poche, retirant mon portable de mon pantalon en souriant à la vue de l’appelant. Mes soupçons c’étaient avérés juste… Je l’avais bel et bien enfermé dans la librairie. Après tout je pouvais toujours prendre le temps d’y faire un saut. Mais je devais avouer que je préférais largement avoir la joie de voir sa tête le lendemain matin. J’aurais toujours la possibilité de lui apporter des croissants pour me faire pardonner.

Je laissais tomber rapidement le téléphone dans mon sac, appuyant mes pieds sur le tabouret pour me redresser un peu plus et me pencher au-dessus du comptoir avec un sourire.

« Je ne sais pas pourquoi je suis venue. Peut-être parce qu’il y avait du monde… »

Un air pensif s’afficha sur mon visage, ma main attrapant le verre qu’elle m’avait servis pour le porter à mes lèvres. Je n’eus besoin que de quelques gorgées pour couper ma soif, une petite grimace suivant ma soif. Si j’avais la tête d’une de ces novices des plaisirs interdits, ça ne m’avait jamais vraiment arrêté. J’en venais même à exagérer mes vertus, perdue entre mon insouciance et ma conscience. Je me sentais bercée par les bruits imperturbables du bar, observant du coin de l’œil le rythme incessant des serveurs. J’en avais presque le tournis de les voir ainsi aller et venir de tables en tables avec leurs verres et leurs plateaux.

« Et puis ça m’amuse de regarder les gens ! »


Je les regardais, tous plongés dans leurs pensées, riant entre eux ou pleurant seul. La scène avait quelque chose de mélancolique au fond… Un doux soupir s’échappant de ma bouche pour marquer cette compassion absente que je pouvais ressentir pour eux. C’était lassant de voir les mêmes regards, et pourtant si addictif de découvrir à travers chaque regard une sensation différente. Peut-être que je ne valais pas mieux qu’eux au fond, à sourire niaisement ou à me perdre dans mes pensées comme une gamine rêveuse, comme si le temps allait m’attendre. Parfois j’espérais ne pas oublier ce tintement incessant guider les aiguilles des horloges, de peur de me perdre dans cet inconnu qui à défaut de réveiller ma curiosité, finissait toujours par me faire perdre pieds.

« Je m’appelle April au fait. »

Je me redressais d’un mouvement en lui tendant la main par-dessus mon verre, ma tête penchée légèrement sur le côté. Je manquais au fond peut-être d’une pointe de subtilité, mais au moins j’allais droite au but. J’aurais presque pu noter ce dernier critère comme une de mes qualités s’il ne restait pas accompagné d’un manque de futilité extrême de ma part.


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MessageSujet: Re: [Pv Lexi.] Tout n'est qu'un rêve. [Pv Lexi.] Tout n'est qu'un rêve.  EmptyMar 28 Aoû - 16:47

"Moi c'est Lexi" répondit-je en lui serrant la main.

    C'était carrément bizarre. Je n'avait pas l'habitude de servir des petites blondes aux allures de bourgeoises. C'était soit des gros lourds de quarante ans et plus, soit des petits cons de lycéens qui font le mur et se retouvent ici. Enfin je peux rien leur dire, à leur age je faisais bien pire. En même temps ma vie c'était pas non plus la joie. En tout cas, elle, j'en était sûre, je ne l'avais jamais vue. Elle doit venir pour se cacher ou retrouver une de ses amies. Ou alors elle connait l'existence du surnaturel et elle sait que genre 80% de la population de Coventry n'est pas humaine. J'exagère à peine.


"Tu viens d'où?" demandais-je "Désolée de toutes ces questions, c'est juste que, ça se voit que t'es pas d'ici. Alors si t'es juste de passage ne n'attarde pas. C'est un conseil pas une menace. Y en a bien assez dehors." April fronça les sourcils, si bien que je rajoutais "Des menaces, y en a assez par ici alors je vais pas te menacer en plus. Enfin bref."

    Je ne savais plus trop quoi dire. J'étais pas trop du genre à parler beaucoup. Je suis pas stupide pour autant. C'est juste qu'il vaut mieux se faire discret et écouter plutôt que de parler. Enfin c'est mon ais, mais ça m'empêche pas de parler avec des gens. Bref, tout ça pour dire que je suis pas très douée pour parler à des inconnues. A des mecs ok, mais je leur parle pas vraiment, je les séduis c'est pas pareil. Parler avec quelqu'un qu'on ne connais pas, juste pour parler c'est pas facile. On doit se contrôler, pas faire de gaffe, parce que l'autre n'est pas au courant de ta vie. Enfin, c'est compliqué quoi. Je décidais donc de prendre deux shots et de les remplir de tequila. Je voyais bien qu'elle n'était pas du genre à boire, mais bon, j'aimais décoincer les filles. C'était presque un jeu. Et puis, les liens sont toujurs plus faciles à tisser avec un ou deux verres d'alcool dans le nez.


"Pour me faire pardonner mon indiscrétion et ma... bizarerie" dis-je en poussant le deuxième shot vers elle. "T'inquiète c'est pas un verre qui va te faire du mal croit moi"

    J'avalais mon verre d'un coup sec et m'en resservit direct un autre, que je bu aussi vite que le premier. Après tout, on ne vit qu'une fois, enfin en théorie. Je regardais April, attraper le verre d'une main hésitante. Ce genre de truc me faisait toujours rire, mais je ne dit rien. Je me contentais de l'observer en silence et de hausser un sourcil. Puis elle leva le verre à ses lèvres et laissa couler tout le liquide dans sa gorge. Immédiatement après elle fit une grimace. J'esquissais un petit sourire avant de lui en resservir un autre.


"C'est la maison qui offre, t'inquiète" dis-je en lui faisant un clin d'oeil.

    Après tout, je peux réussir à être sociable quand je veux. Peut-être que je ais me faire une nouvelle amie. Enfin, c'est peu probable. En fait c'est même très peu probable. Je posais mes yeux sur April, l'inscitant ainsi à me raconter sa vie.
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